Guinée : la junte suspend 28 partis politiques, renforçant les craintes d’un verrouillage du pouvoir
Le régime militaire guinéen, au pouvoir depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, a annoncé ce vendredi la suspension immédiate de 28 partis politiques pour une durée de trois mois. Parmi les formations concernées figurent des poids lourds de l’échiquier politique, dont le RPG Arc-en-ciel de l’ancien président Alpha Condé, renversé par les putschistes, l’Union des forces républicaines (UFR) de l’ex-Premier ministre Sidya Touré, et le Parti de l’unité et du progrès (PUP). Cette décision, perçue comme une nouvelle étape dans la consolidation autoritaire du pouvoir par le colonel Mamady Doumbouya, intervient dans un contexte de tensions accrues et de répression des voix dissidentes.
Un paysage politique sous contrôle
Les partis suspendus devront cesser toute activité politique jusqu’en juin 2025. Les autorités justifient cette mesure par des « irrégularités administratives », sans fournir de détails concrets. Cependant, des observateurs locaux et internationaux y voient une manœuvre visant à éliminer toute opposition structurée avant des élections que la junte promet – sans calendrier clair – depuis 2021.
« C’est une stratégie classique des régimes autoritaires : réduire l’espace démocratique sous de faux prétextes pour asseoir son hégémonie », analyse un politologue guinéen sous couvert d’anonymat. En effet, depuis son arrivée au pouvoir, le colonel Doumbouya, autoproclamé président de la transition, est régulièrement accusé de museler les libertés fondamentales. Les disparitions forcées d’opposants et de militants des droits humains, documentées par plusieurs ONG, alimentent ces critiques.
L’UFDG épargnée : une cooptation stratégique ?
Surprise notable : l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d’opposition dirigé par Cellou Dalein Diallo, ne figure pas sur la liste des partis suspendus. Des sources proches du pouvoir révèlent que cette exception ne serait pas un hasard. Ousmane Gaoual Diallo, actuel ministre des Transports et proche du chef de la junte, mènerait des pourparlers secrets pour prendre de force la tête de l’UFDG. L’objectif ? Intégrer ce parti influent dans une coalition soutenant le régime afin de légitimer une future élection présidentielle que Doumbouya ambitionnerait de remporter dès le premier tour, selon des informations concordantes.
« C’est un scénario de hold-up électoral en préparation, déguisé en transition inclusive », dénonce un membre du RPG Arc-en-ciel, sous couvert d’anonymat.